Marchés financiers/économie
La BCE poursuit sa politique agressive de hausse des taux : une erreur ?
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La Banque centrale européenne a relevé ses taux d'intérêt de 50 points de base. Certains commentateurs et acteurs du marché avaient cependant supposé que la BCE limiterait la hausse des taux, car la situation bancaire internationale difficile a exercé une pression sur les marchés, de la faillite de la Silicon Valley Bank aux difficultés boursières du Crédit Suisse.
La présidente Christine Lagarde a déclaré que le système bancaire européen était solide et que la BCE était prête à intervenir si nécessaire. L'objectif principal de la BCE reste donc la maîtrise de l'inflation qui, selon les prévisions de la banque centrale, restera "trop élevée pendant trop longtemps". Selon les données fournies par la BCE, le taux d'inflation moyen pour 2023 sera de 5,3 % et tombera à 2,9 % en 2024 et à 2,1 % en 2025.
Les marchés financiers ont bien réagi aux décisions de la BCE : DAX 30 +1,63%, CAC 40 +2,03%, FTSE 100 +0,90%, IBEX 35 +1,45%, Swiss Market Index +1,96%, FTSI Mib +1,38%. Deux raisons expliquent le résultat positif des bourses européennes : 1) de nombreux analystes estiment que la BCE va désormais ralentir le rythme de ses hausses de taux, 2) sur le front bancaire, des nouvelles plutôt rassurantes sont arrivées hier, du prêt accordé au Crédit suisse par la Banque nationale suisse à la décision de sauver la banque américaine First Republic.
Face à l'incertitude des marchés et au ralentissement économique, de nombreux commentateurs se demandent si le choix de la BCE était le meilleur. Personne ne s'attendait à ce que la BCE rompe le cycle haussier des taux d'intérêt. Toutefois, nombreux sont ceux qui estiment qu'une hausse plus modérée de 45 à 25 points de base aurait été plus appropriée.
Comme le souligne Christian Siedenbiedel dans le Frankfurter Allgemeine Zeitung, c'est Christine Lagarde elle-même qui nous a rappelé que l'objectif de stabilité des prix n'exclut pas l'objectif de stabilité financière. Mais il est également vrai, écrit Siedenbiedel, que la BCE veillera certainement à comprendre les effets que la politique monétaire aura sur les différents pays.
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