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Si la Chine découvre l'épargne gérée
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La Chine est un pays dont le taux d'épargne est très élevé, comme le montrent les données. Mais quelle part de ce capital pourrait être gérée par l'industrie occidentale de l'épargne ?
La Chine, un pays voué à l'épargne dirigée
En termes d'épargne, le gouvernement chinois donne certainement un bon exemple à ses citoyens. Le Fonds monétaire international (FMI) a calculé qu'au cours des trois dernières années, la Chine est intervenue dans l'économie beaucoup moins que les pays occidentaux. Une étude publiée par la société d'investissement allemande DWS a analysé les données du FMI. Les experts ont demandé : comment est-il possible qu'un pays autoritaire comme la Chine intervienne moins dans l'économie que les pays démocratiques ? La réponse du DWS a été la suivante : il s'agissait d'interventions plus précises et plus efficaces, des interventions axées sur la technologie et la lutte contre le changement climatique. Ainsi, malgré les nombreuses limites imposées par le gouvernement aux investissements, Pékin est moins intervenu en termes de soutien à l'économie que Washington ou Bruxelles.
L'épargne gérée en Chine, un eldorado qui reste à découvrir
L'épargne privée chinoise fait également l'envie de nombreux autres pays. En 2021, le taux d'épargne est estimé à environ 36%. La Banque mondiale parle de 45% du PIB global. Comme l'a écrit quelqu'un, aux yeux des gestionnaires d'actifs occidentaux, la Chine pourrait ressembler à un véritable eldorado : 680 millions de clients potentiels au détail estimés par la Banque industrielle et commerciale de Chine et un actif investissable en 2030 de 70 000 milliards de dollars calculé par Goldman Sachs. Ces chiffres n'ont pas pu passer inaperçus : Goldman, BlackRock, JP Morgan, Morgan Stanley, UBS et Deutsche Bank se sont aventurés sur le marché chinois. Les résultats, jusqu'à présent, ont toutefois été plutôt décevants face à de grandes attentes.
La crise du marché immobilier fera-t-elle découvrir la gestion d'actifs aux Chinois ?
Le magazine Fortune rapporte un chiffre de la société d'investissement Loomis, Sayles & Company qui pourrait expliquer les raisons du manque de succès de la gestion d'actifs occidentale en Chine : 70% de l'épargne privée chinoise aboutit dans le secteur immobilier. Cela explique la très forte croissance de l'urbanisation et la croissance gigantesque de l'industrie de la construction, qui contribue pour au moins 30% au PIB de la Chine. Mais lorsqu'on parle du secteur immobilier en Chine, on ne peut que constater que cette croissance est en train de s'arrêter brutalement : la faillite désormais imminente du géant Evergrande et du groupe Kaisa risque d'entraîner dans sa chute une grande partie de cette industrie autrefois florissante, qui a changé le visage de nombreuses villes chinoises.
Il est difficile de dire ce qui va se passer à ce stade, mais il se pourrait bien, comme le prétend Fortune, que les Chinois, déçus par un marché immobilier gonflé par la crise, commencent à envisager sérieusement l'opportunité d'investissements gérés. Cela ouvrirait une mine d'or pour de nombreux gestionnaires d'actifs et sociétés d'investissement. L'une des plus grandes banques du Moyen-Orient, la First Abu Dhabi Bank (Fab) des Émirats arabes unis, vient d'atterrir à Shanghai. Qui sait si le Fab aura plus de succès que ses concurrents européens et américains.